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Charles Onana à la barre : accusé, levez-vous

Redigé par Tite Gatabazi
Le 14 septembre 2024 à 10:13

Le 7 octobre 2024 marquera l’ouverture d’un procès d’une portée symbolique inédite devant la justice française. Charles Onana, polémiste franco-camerounais, et les éditions du Toucan se retrouvent sur le banc des accusés, poursuivis pour contestation de crimes contre l’humanité et négation du génocide contre les Tutsi.

Cette affaire judiciaire découle d’une plainte déposée par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et Survie France, auxquelles se sont associées d’autres entités comme la LICRA, Ibuka/France, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda et la Communauté rwandaise de France.

Le litige se cristallise autour des thèses conspirationnistes développées dans l’ouvrage d’Onana, Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise – Quand les archives parlent, publié en 2019.

Dans cet ouvrage, l’auteur qualifie de « plus grande escroquerie du XXe siècle » l’idée que le régime hutu de Habyarimana aurait planifié l’extermination des tutsi, niant ainsi la réalité historique des événements de 1994.

Et pourtant, dans sa décision historique rendue le 16 juin 2006, le Tribunal Pénal International pour le Rwanda TPIR avait déclaré que « le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 est un fait de notoriété publique » c’est-à-dire qu’il n’est plus à démontrer.

Le TPIR, en déclarant le génocide perpétré contre les Tutsi comme un fait de notoriété publique, se base sur l’accumulation des preuves historiques et des multiples procès antérieurs qui ont confirmé l’existence de ce crime de masse.

Le génocide, tel que défini par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, requiert l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

Le TPIR, dans ses procès, a largement documenté la planification et l’exécution systématique du génocide contre les tutsi, établissant ainsi les éléments matériels et intentionnels du crime. Cela protège contre les révisionnismes historiques et minimise les risques de négationnisme. Mais voilà que pour des fins de propagande et de falsification, Charles Onana va passer outre.

Poussant la provocation encore plus loin, Onana affirme que les massacres au Rwanda n’ont aucun lien avec le génocide des Juifs, rejetant toute analogie entre ces deux tragédies humaines. Selon lui, la planification du génocide contre les Tutsi que soutient le Front patriotique rwandais (FPR) relèverait d’une invention médiatique, conçue pour servir des objectifs géopolitiques.

Ces affirmations sont perçues par les associations plaignantes comme une atteinte grave à la mémoire des victimes du génocide des tutsi et une falsification éhontée des faits à des fins de propagande.

En outre, Onana entretient des liens notoires avec certains milieux militaires rwandais et français, qu’il place au cœur de son récit. Parmi les témoignages qu’il mobilise dans son livre, on trouve des figures condamnées par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), telles qu’Anatole Nsengiyumva, ou acquittées comme André Ntagerura. Ces derniers, dans des textes publiés dès 1996, réfutaient l’existence même du génocide contre les tutsi, le qualifiant de manœuvre du FPR pour accéder au pouvoir.

Et c’est ce que reprend Charles Onana dans ses publications et interventions publiques.

Ce procès s’inscrit dans une longue lignée de confrontations juridiques contre les falsificateurs de l’Histoire, à l’image de l’école révisionniste de Robert Faurisson, tristement célèbre pour avoir nié l’existence des chambres à gaz nazies.

Tout comme Faurisson, Onana prétend révéler une « vérité cachée », mais son œuvre participe à une réécriture délibérée de l’Histoire, motivée par des objectifs politiques sous-jacents. Il s’agit ici non seulement d’un négationnisme pur et simple, mais également d’une manipulation des faits, servant à réhabiliter des criminels de guerre sous couvert d’une recherche historique soi-disant objective.

Dans cette affaire, la justice française devra non seulement juger des propos d’Onana, mais aussi tracer une ligne claire entre la liberté d’expression et la propagande négationniste.

Comme l’avait brillamment résumé l’ancien ministre de la Justice française, Robert Badinter, les révisionnistes ne sont rien d’autre que des « faussaires de l’Histoire », dévoyant la recherche scientifique pour servir des intérêts idéologiques.

Ce procès pourrait donc constituer une étape cruciale dans la lutte contre le révisionnisme et le négationnisme, tout en fixant les limites légales face aux tentatives de falsification de l’Histoire à des fins de propagande politique.

Dr. Charles Onana entretient des liens notoires avec certains milieux militaires de l’ancienne armée rwandaise

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